En exil...
Lors
de la lecture d'extraits de pièces contemporaines, ce soir, une chose
m'a frappée en entendant l'un des textes. C'était un texte sur les
exilés d'Uruguay. Rien à voir avec moi, j'en conviens. Mais tout de
même.
Depuis que je suis adolescent, j'ai
l'impression d'être un exilé. Et en effet, la Dynastie -- ma famille,
pour les non initiés -- est originaire de Tchécoslovaquie, aujourd'hui
République Tchèque. Mais je suis né en France... Mes parents sont nés
en France... Mes grands-parents sont nés en France... Autant dire que
je suis Français, donc.
Et pourtant, cette impression de l'exil
persiste. Je suis Français mais pas tout à fait. Je ne suis pas
Tchèque, mais presque... Je suis Européen, c'est certain (il suffit de
jeter un coup à l'arbre généalogique, pour en être persuadé : six ou
sept nationalités différentes sur une dizaine de générations !!) Du
coup, pas tout à fait chez moi ici, et là-bas non plus...
Jamais les membres de la Dynastie n'ont agi en
exilé. En tout cas, à ma connaissance. Ce passé non Français semble
même avoir été oublié, occulté. Alors qu'on transmet de génération en
génération tout un tas d'éléments culturels qui ne sont pas vraiment
français... Mais sans le savoir.
Et ce soir, j'ai eu un éclair. Il fallait bien
qu'un jour ou l'autre, cet exil pèse sur quelqu'un !! Et il semblerait
que ce soit tombé sur moi... Je porte l'exil de la Dynastie. Bizarre,
non ? Je ne sais pas encore trop comment exprimer cette impression.
C'est encore trop neuf. Comme si c'était à moi de faire passer cette
famille d'un pays à un autre... Je suis la transition ?
La responsabilité aurait sans doute dû
m'incomber. Je l'aurais peut-être transmise à quelqu'un d'autre, pour
m'en débarrasser comme tous les autres. J'ai abdiqué mon rôle du chef
de famille. En faveur de personne, puisque j'en garde malgré tout le
titre... Et j'ai oublié de rendre cette lourde tâche aux autres...
Etrange, étrange...